Les organisations matricielles, séduisantes sur le papier, portent les germes de nombreux dysfonctionnements : dilution des responsabilités, alourdissement des processus de décision, bureaucratie galopante …
Un client nous a demandé d’accompagner la transition de son entreprise vers un mode matriciel (inévitable du fait de la mutualisation des fonctions support sous forme de shared services) en donnant aux collaborateurs des clés pour bien coopérer. Je décris ici notre apport.
La principale difficulté de la coopération dans une organisation matricielle est de maintenir un rapport “gagnant / gagnant” entre les équipes de l’axe horizontal (dans notre exemple la fonction support) et celles de l’axe vertical (la fonction business)
Le rapport “gagnant / gagnant” … et les autres !
Dans l’excellent modèle des “positions de vie” de l’analyse transactionnelle, avoir un rapport gagnant / gagnant correspond à une relation “++”. Voici le modèle :
Je suis “++” quand je me considère comme compétent et la hauteur (ce qui ne veut pas dire parfait !) dans la relation de travail, et que je considère l’autre comme tel. C’est ainsi que nous arrivons, ensemble, à affronter les difficultés qui se posent à nous.
Je suis “+-” quand je me considère comme compétent et la hauteur, mais que je considère que l’autre ne l’est pas ! J’ai tendance à le dévaloriser, le contourner dès que possible, et avoir un a-priori négatif sur ce qu’il dit ou fait.
Je suis “-+” quand, inversement, je ne me considère pas à la hauteur, et que j’admire l’autre, que je l’envie. Je risque de ne pas tenir suffisamment compte de mes besoins, et d’être peu capable d’avoir un regard objectif sur ce que l’autre me demande (tout ce qu’il fait est bien !).
Je suis “–” quand je considère … qu’aucun des deux n’est à la hauteur ! J’ai tendance à tout noircir ou, par dépit et défaitisme, à rester dans mon coin sans attendre grand chose de la coopération, en faisant le minimum.
Les positions de vie en mode matriciel
Si l’on transpose ce modèle à la relation entre services d’une organisation matricielle (avec, par convention, une fonction business verticalement et une fonction support horizontalement), cela donne :
Lorsque l’on présente cette modélisation à des individus qui vivent le mode matriciel, l’effet est garanti ! Ils savent immédiatement se positionner, repérer les dérives dans lesquelles tombe leur organisation, et leurs petits travers personnels.
Avoir conscience de ses travers est déjà un pas considérable vers une coopération “++”.
Avoir quelques règles du jeu peut aussi aider !
Des règles du jeu pour garder une relation ++
A l’usage nous avons identifié que les règles du jeu suivantes constituaient un socle efficace, et surtout un cercle vertueux (par exemple, si la fonction support respecte bien la règle “équité de traitement”, cela facilitera le respect de la règle “pas d’ingérence sur les priorités” par le business, et réciproquement) :
Donner ces quelques repères simples permet aux collaborateurs concernés par le mode matriciel :
- d’être conscients des dérives
- d’avoir un langage commun pour nommer les dysfonctionnements, quand ils arrivent
- de se mettre d’accord sur des règles à respecter
Un avis sur « La coopération en mode matriciel : risques et bonnes pratiques »