Démarche de progrès managérial : mission impossible ?

Soyons honnêtes : faire progresser réellement une équipe de managers est compliqué et s’apparente souvent à un voeu pieux. Nombre de démarches de progrès managérial se transforment en coup d’épée dans l’eau, et laissent un goût de “tout ça pour ça …”

Réussir une telle démarche c’est obtenir des améliorations dans le fonctionnement interne qui soient perçues par les collaborateurs.
Mission impossible ? Peut-être pas …

Un exemple ci-dessous.

La démarche est née d’un travail de vision stratégique en Comité de Direction en septembre 2008 ; le sujet du “fonctionnement interne” était apparu comme étant un axe d’amélioration important. Dans une structure qui grossit à vitesse grand V, c’est une difficulté assez normale.

Pas à pas la démarche de progrès s’est construite avec pour ingrédients :

  • une finalité : améliorer le fonctionnement interne
  • 3 objectifs y concourant : développer les compétences managériales, renforcer la cohésion et l’ouverture (c.a.d. la capacité à se dire les choses), faire évoluer les processus et règles du jeu
  • une logique d’action : le mode “constructiviste”. On avance pas à pas, et on ajuste en fonction de ce qu’on rencontre et du bilan qu’on en fait
  • un public cible : les managers, responsabilisés pleinement sur le fonctionnement interne dans leurs périmètres
  • des moyens articulés de façon cohérente : séminaires du Codir, séminaires des managers, réunions d’amélioration par équipe, plans individuels d’actions managériales, groupes de pairs de managers, formations au management et à la communication.

Comme toutes ces démarches, l’accueil il y a un an a été mitigé : quelques optimistes, beaucoup d’attentistes,  des “grincheux” (qui avançaient plus ou moins masqués).

Un an plus tard c’est l’heure d’un bilan intermédiaire, qui prend la forme d’un séminaire rassemblant toute de l’entreprise : rencontres, témoignages en petits groupes sur des progrès réalisés, questionnement circulaire. Premiers verdicts illustrés par des verbatims quelques jours après le séminaire :

On a progressé, les choses peuvent être dites. C’est de plus en plus partagé. Plus personne ne peut dire qu’il ne se passe rien dans l’entreprise.
Les échanges sont de plus en plus fluides.
On a pu mesurer les avancées de la démarche via les témoignages : très proches dans le vécu et donc très parlants.
Il y plus de connivence entre les Directeurs et les Chefs de Service pour faire face à des situations : les collaborateurs ont pu le mesurer. Le management fait corps : ca se voit.
On voit mieux les grincheux. Le travail de sape est plus visible, et c’est bien. Beaucoup on été obligés de reconnaitre que cela avançait.
J’ai vraiment mesuré le progrès qu’on a fait pour aborder de façon adulte un certain nombre de sujets. Les équipes ont montré qu’elles en étaient capables.
Les équipes ont ressenti la démarche comme authentique, les impliquant de façon concrète.
Evidemment en tant que consultant accompagnant cette démarche, j’appréhendais ce “moment de vérité”. Même si, avec l’expérience, je sais que le succès comme l’échec sont avant tout de la responsabilité du client, il n’en reste pas moins que je lui ai fait moult préconisations et que, dans le cas présent, il les a majoritairement suivies.
Alors mes premières réactions : Chouette ! Ouf ! Bravo client !
Qu’est ce qui a permis d’obtenir ces résultats ? Courage managérial (en premier lieu du dirigeant), implication, exemplarité, ambition mesurée, patience.
Plus j’avance sur ces sujets, plus je suis conforté dans la conviction suivante : en matière de démarche de progrès, l’approche radicale (“le grand soir” du management) est vouée à l’échec (sauf en cas de menace externe forte qui oblige à bouger très vite).
A l’inverse, une approche à l’ambition mesurée qui s’amplifie sans faire de grands bruits, à la hauteur de la volonté de changement du système, en épousant les aspérités du terrain (car les difficultés imprévisibles sont légion !) est porteuse de promesses certes modestes, mais tenables. Sur le terrain, les collaborateurs ne s’y tromperont pas. Et progressivement, en constatant que les bénéfices sont au rendez-vous, le collectif sera de plus en plus en confiance et pourra aborder en sécurité des problèmes plus profonds.

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